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Les graffiti à Oran : une pratique régulatrice du « chaos » urbain ?


Insaniyat N°s85-86| 2019 |Les graffiti en Afrique du Nord : les voix de l'underground |p.15 -36 | Texte intégral



Karim OUARAS: Université Oran 2, Mohamed Ben Ahmed, Département de langue française, 31 000, Oran, Algérie.

                          Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, 31 000, Oran, Algérie.

                          Centre d'Études Maghrébines en Algérie, 31 000, Oran, Algérie.


Saisir la ville par ses graffiti, écrits éphémères dont les auteurs sont souvent insaisissables, se veut une tentative de mettre en lumière un phénomène sociolangagier dominant l’espace public, mais insuffisamment exploré par la recherche scientifique, surtout à l’échelle locale. Ce phénomène scriptural et graphique s’insère dans les dynamiques, les mutations et les recompositions socio-urbaines que connaissent les villes algériennes et parmi elles, la ville d’Oran. Dire que cette dernière n’a connu que des mutations pourrait s’apparenter à un euphémisme vu l’ampleur des bouleversements qui la marquent à tous points de vue et des dynamiques qui la façonnent d’en bas comme d’en haut. C’est une réelle métamorphose qui s’est opérée dans cette ville surtout durant les deux dernières décennies. De nouvelles centralités y ont émergé, de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques aussi.

Si la ville d’Oran a été suffisamment explorée du point de vue sociologique, économique, architectural et historique (Lespès, 1938; Coquery, 1965; Semmoud, 1975, 1999; Benkada, 1998, 2019; Bekkouche, 2005; Bendraoua et Souiah, 2008; Lakjaa, 2008, 2014; Semmoud, 2009; Senhadji Khiat, 2011; Madani, 2016; Mouaziz-Bouchentouf, 2017 et bien d’autres), elle peine à être examinée du point de vue de ses dynamiques sociolangagières allant de l’aspect purement linguistique à l’aspect discursif en passant par les aspects graphiques et sémiotiques qui font office d’une littérature murale en mouvement.

L’espace public oranais est donc appréhendé ici, seulement sous le prisme des expressions linguistiques, sémiotiques et discursives des pratiques sociales qui y sont injectées. Cet espace parlant et signifiant est à considérer comme « lieu d’exercice de la parole publique, comme lieu de production et de circulation sociale du sens et comme lieu de débats relatifs à la mise en discours du social » (Delforce, 2010, p. 58-59).

L’intérêt est essentiellement porté sur la nature et les fonctions des graffiti d’un lieu habité de la ville d’Oran, en l’occurrence la cité Dar El Hayet, située aux abords de M’dina Jdida[1] l’un des quartiers mythiques de cette ville. Cette cité densément peuplée regorge de graffiti d’un nouveau genre donnant à ses murs les allures d’un corps tatoué sur lequel la rime règne en maîtresse et le verbe sonne comme un rappel à l’ordre. Les graffiti s’y trouvant sont l’œuvre d’un seul auteur nommé Abed[2], et surnommé aussi bien par les riverains que par la presse locale, « le poète des murs ».

Ma réflexion se propose donc de saisir cette entité sociospatiale par ses mots et ses signes qui se donnent pour tâche de dire et réguler symboliquement l’espace habité. Elle n’a pas seulement pour objectif d’élucider les fonctions des graffiti dans l’espace urbain, mais d’essayer de comprendre comment les rapports sociaux se révèlent et se matérialisent à travers ces graffiti aux sémantismes multiples.

À Oran, l’espace public est compartimenté entre un espace normé, dont les contours sont territorialement circonscrits, et un espace marginal qui prend des allures évanescentes, s’invitant souvent dans la sphère normée. Il va sans dire que les frontières symboliques séparant ces deux entités sociospatiales sont poreuses et constamment traversées de mouvements éclatés, de dynamiques contradictoires et de logiques sociales. Dès lors, ces graffiti réalisés par Abed, peuvent-ils rendre compte des dynamiques et des logiques qui caractérisent la cité Dar El Hayet ? Pourquoi cette cité est-elle submergée de graffiti ? Quels sont les facteurs qui ont concouru à l’émergence de cet ordre scriptural urbain qui tend à réguler la pratique sociale de l’espace habité ? Quelles en sont ses fonctions et ses impacts sur les locataires et les usagers de la ville ? Cet ordre scriptural pourrait-il déconstruire la norme à partir de la marge ?

Ces questions nourrissent la présente étude qui se propose de jeter un regard nouveau sur des dynamiques sociolangagières dans la ville d’Oran en s’appuyant sur des données de terrain constituées suite à des observations empiriques à la cité Dar El Hayet, qui se sont étendues sur une période de trois années consécutives de 2016 à 2019[3]. Y répondre ne peut se faire que par le biais d’une exploration profonde du tissu social de la ville d’Oran, chose difficile à réaliser dans le cadre imparti à cette étude. Je me contenterai donc de sonder l’un des procédés révélateurs des structures sociales et de leurs stratégies pluridimensionnelles, à savoir les graffiti qui renseignent sur les dynamiques, conflits, controverses et concurrences animant le discours social et l’espace public. Ces graffiti obéissent à une logique territoriale (Klaus, 2014) et opèrent comme une pratique régulatrice dans le sens où ils se substituent aux instances étatiques, de plus en plus absentes, auxquelles incombe la tâche de gérer et réguler les espaces habités.

Pour cerner cet objet et ce terrain complexes, je présente, tout d’abord, un bref aperçu sur la place qu’occupe la pratique du graffiti dans la littérature scientifique en mettant l’accent sur le cas algérien. J’évoque, ensuite, quelques données de contextualisation historique du terrain interrogé ici et les outils théoriques et méthodologiques sur lesquels je m’appuie pour explorer cette pratique sociolangagière. Je m’attarde, enfin, sur la mécanique interne qui sous-tend le fonctionnement et le déploiement des graffiti ciblés dans le cadre de la présente recherche, en examinant leur émergence, leurs spécificités, leurs fonctions et leurs impacts.

L’expression graffitique: une entrée d’analyse

La langue et le signe sont des entrées d’analyse pertinentes pour sonder les pratiques sociales de la ville, espace d’énonciation par excellence. Calvet (2005) considère la ville comme un objet parmi d’autres du questionnement linguistique, il la conçoit comme « un endroit particulier parmi tous les endroits où l’on peut rencontrer ces locuteurs qui donnent ‘vie’ aux langues » (Calvet, 2005, p. 14). Dans les lieux de la ville, ces locuteurs donnent également vie aux espaces en y injectant des discours et des contre-discours. La ville devient alors un espace parlant et disant.

« Le langage est donc impliqué de manière décisive dans la construction et dans l'interprétation de l’espace urbain, parce que dire et observer la ville, c'est faire un va-et-vient constant entre la matérialité des lieux, les catégories linguistiques qui la symbolisent et les interprétations possibles de ces marques linguistiques. C'est mettre en relation des catégories de pensée, de langue et de société » (Branca-Rosoff et Leimdorfer, 2001, p. 1).

L’expression graffitique dans l’espace public est un lieu de créativité et de concurrence langagière qui recèle de précieuses indications sur les structures sociales, les rapports sociaux et les pratiques sociales de l’espace. C’est aussi un lieu de contrastes « Les écrits dans la ville constituent une pratique énonciative, où véhicularité et identité s’affrontent, où le collectif et l’individuel s’interpénètrent et où les langues convergent et divergent » (Ouaras, 2012, p. 146).

En Algérie, comme ailleurs, les graffiti font partie intégrante de l’environnement sémiotique des espaces habités même s’ils sont considérés du point de vue de la norme comme une atteinte à l’ordre public, donc un acte répréhensible. C’est ce qui explique en grande partie que ce phénomène soit resté à la marge du questionnement scientifique. Mais en dépit du poids de la norme et de la sanction, le graffiti a droit de cité aujourd’hui comme l’un des phénomènes récurrents des sociétés contemporaines. Il intéresse de plus en plus la recherche scientifique locale, surtout dans le domaine des Sciences du langage (Dourari, 2002; Fatmi, 2006; Ouaras, 2009a, 2009b, 2012, 2015, 2018a, 2018b; Abbache, 2013; Si Hamdi, 2014; Hedid, 2015; Bestandji, 2018).

L’intérêt, quelque peu tardif, pour cette pratique sociolangagière, de plus en plus présente dans l’espace public, s’explique aussi par le fait que la plupart des travaux scientifiques locaux abordant l’environnement graphique de ce espace, se sont concentrés sur une autre catégorie d’écrits, tout aussi intéressante, à savoir les écrits réglementés qui ont une fonction informative, publicitaire et parfois injonctive. Ces derniers sont représentés par la signalétique qui fournit des indications spatio-temporelles et des éléments de localisation et d’identification dans l’espace public. L’enseigne commerciale dans les villes algériennes, et ce qu’elle génère comme productions sociolangagières, est densément analysée et documentée dans la littérature locale. Chachou (2016) fournit, dans son étude consacrée aux enseignes commerciales dans la ville de Mostaganem, les éléments d’une synthèse critique situant ce champ de recherche suffisamment exploré en Algérie.

De nos jours, il est évident que le phénomène du graffiti a toute sa place dans la recherche scientifique locale vu que sa présence devient de plus en plus visible dans l’espace public algérien. Mais cet intérêt naissant n’est que le prolongement d’une longue réflexion sur les mots des murs.

Hormis les travaux sur les graffiti antiques densément interrogés (Hachid, 1979, 2000, 2004), le terrain nord-africain et plus spécifiquement le terrain algérien ne comptent pas beaucoup de travaux dans ce domaine à l’ère contemporaine, « Much less is known or written about contemporary graffiti practice in North Africa. Despite the significant body of academic work on graffiti writing, the phenomenon remains unexplored in Algeria, especially in its linguistic and discursive dimensions »[4] (Ouaras, 2018a, p. 2).

Séparés par leurs positionnements théoriques, mais complémentaires par l’objet qui est le leur, les nombreux travaux de recherche accomplis dans ce domaine dans d’autres régions du monde, ont permis des avancées considérables dans l’exploration de la parole anonyme des murs. Toutefois, ils l’abordent dans une perspective cloisonnée qui peine à en cerner les contours d’où la nécessité de convoquer une approche intégrée de cette pratique sociolangagière.

La sociolinguistique et l’analyse du discours (Boutet et Maingueneau, 2005), deux approches sur lesquelles je m’appuie essentiellement ici en empruntant des outils à d’autres, permettent de cerner plus ou moins les paramètres de cette pratique sociolangagière dans sa complexité liée aussi bien à l’écrit lui-même qu’à l’espace sur lequel elle se déploie. Les deux approches se donnent pour tâche d’étudier la pratique du langage en contexte social et spatio-temporel. Sans l’espace public, le graffiti n’aurait pas eu de sens. Preuve en est que les espaces virtuels réservés aux graffiti sur la toile du Net sont d’une inefficacité dénaturante et déconcertante, même si ces espaces permettent une pérennité à cette pratique sociolangagière au caractère éphémère. L’espace public est l’essence même de cette pratique insaisissable. Inversement, il est difficile d’appréhender l’espace public en faisant abstraction des graffiti, les deux univers sont inextricablement liés.

Le traitement adéquat de ce phénomène ne peut se faire que dans une perspective transdisciplinaire qui s’articulera, entre autres, autour de la sociolinguistique (urbaine), la géographie sociale, la sémiologie, l’analyse du discours, la sociologie de l’art (théorie de la réception) et la sociologie visuelle.

Outils méthodologiques

Il est une évidence que les graffiti présentent un intérêt manifeste non seulement pour les sciences du langage mais pour les sciences sociales de manière générale. Leur omniprésence dans l’espace public interpelle les regards en permanence et invite à déceler les messages et les secrets de leurs plis sémantiques et graphiques.

De même, les nombreux graffiti de Dar El Hayet à Oran, qui suscitent la curiosité des riverains et des passants, ne sont pas dénués d’intérêt scientifique. L’exploration profonde de ce que j’appelle « la rhétorique murale » qui envahit les espaces de cette cité populaire peut aisément renseigner sur les dynamiques langagières et socio-culturelles qui caractérisent l’espace public oranais. 

S’intéresser à un sujet aussi vaste et complexe que la parole des murs, met le chercheur face à une difficulté de taille en ce qui concerne les outils méthodologiques à adopter pour pénétrer cet univers du dit et du non-dit dont la présence est éphémère et les auteurs souvent anonymes. La pratique du graffiti représente un terrain de recherche d’une fécondité inépuisable, vu qu’elle donne corps aux dynamiques et aux logiques mobilisées dans l’espace public par les mutations et les recompositions sociales, mais n’est pas sans présenter des écueils en termes d’approches et d’analyses.

En s’inscrivant dans une perspective transdisciplinaire mais tout en mettant l’accent sur la sociolinguistique, surtout dans son volet urbain, (Calvet 1994 ; Bulot, 1999, 2002 ; Bulot et Veschambre, 2006 ; Blanchet, 2012) et l’analyse du discours (Boutet et Maingueneau, 2005 ; Van Dijk, 2008), ma réflexion vise à cerner les mécanismes, les fonctions et les impacts socio-urbains des graffiti dans l’espace habité.

En privilégiant les méthodes empirico-inductives (Blanchet, 2012), j’ai procédé à la prise de clichés photographiques, à la technique d’entretien semi-directif avec l’auteur atypique de ces graffiti d’un nouveau genre (instance énonciative), tout en recourant à la méthode des parcours commentés (Grosjean et Thibaud, 2001). J’ai aussi mené des entretiens semi-directifs avec des informateurs résidant dans cette cité (instance réceptive) pour sonder leurs représentations sur les pratiques sociales de l’espace et l’impact des graffiti sur leurs vécus quotidiens et leurs rapports à cet espace. La constitution des données observables examinées dans cette étude est donc le fruit d’une démarche croisée.   

Dar El Hayet : un lieu, une histoire

Une brève incursion dans l’histoire s’impose pour comprendre la cartographie actuelle de la ville d’Oran et les métamorphoses qui ne cessent de s’y déployer. La cité Dar El Hayet constitue l’une des pièces d’un puzzle qui se construit et se déconstruit constamment à Oran. Elle est située à proximité de M’dina Jdida, plaque tournante du commerce transnational (Boudinar et Belguidoum, 2015) dont les marchandises, provenant essentiellement de Chine et de Turquie, s’écoulent dans des circuits informels générant des masses monétaires incontrôlées et des emplois non tracés. Il est important de souligner, à juste titre, que cet aspect informel n’est pas le propre de la pratique commerciale, il a investi d’autres sphères de la société algérienne pour en faire une sorte de « Royaume de l’informel » (Mebtoul, 2018). L’écrit urbain en fait partie.

Ce lieu habité a vu le jour suite aux modifications apportées au zoning initial de la ville d’Oran à partir des années 1920. Un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension est décidé pour gérer et réglementer la croissance de cette ville (Lèspes, 1938). L’objectif d’un second zoning consistait, selon Lèspes, à étendre la zone des habitations collectives au-delà des limites de l’ancienne enceinte et de décongestionner la basse ville en multipliant des immeubles collectifs et des habitations à loyer modéré (HLM) « […] parfois réservés à des catégories bien déterminées de propriétaires ou de locataires (employés municipaux, douaniers, gendarmes, militaires) » (Coquery, 1965, p. 289).

Le terrain interrogé dans le cadre de cette étude se caractérise donc à la fois par la complexité de son cadre bâti et de sa composante sociale, laquelle complexité se laisse voir surtout dans les rapports conflictuels qui impriment à ce lieu habité une empreinte de dangerosité et de marginalité ayant pris forme suite à une série de crimes qui ont eu lieu dans son enceinte. En dépit du fait que le souvenir de ces épisodes tragiques et d’autres crimes aussi crapuleux reste vivace dans la mémoire des résidents de Dar El Hayet, la vie a su reprendre ses droits en faisant de cette cité emblématique d’Oran un lieu de vie (comme son nom l’indique) et de brassage socio-culturel ayant ses caractéristiques propres. Les graffiti qui y ont fait leur apparition, renseignent on ne peut plus clair sur les logiques socio-spatiales et les dynamiques qui le traversent continuellement.

Les graffiti ou la voix/voie de la marge

Pour retracer le processus d’émergence des graffiti dans cette cité que l’on peut facilement deviner comme étant l’œuvre d’un seul auteur, vu le style d’écriture et le ton employé pour les réaliser, je me suis rapproché, après de nombreuses tentatives, de leur auteur Abed. La rencontre tant attendue fut très riche en discussions concernant son histoire personnelle chargée de souvenirs et d’anecdotes, son choix de recourir aux graffiti en en faisant un outil de sensibilisation et de régulation et l’histoire de la composante sociale de la cité.

Un parcours commenté avec Abed m’a permis de visualiser un tant soit peu les mutations opérées dans la cité et toucher du doigt la complexité des rapports qui lient les locataires et les résidents de la cité à l’espace qui est le leur. Mes visites cycliques sur ce terrain de recherche m’ont permis de photographier plus de 150 graffiti. Le récit urbain (Orlandi, 2001) généré par ces écritures exposées, recèle des renseignements sociologiques, démographiques, linguistiques, économiques et politiques d’un grand intérêt. Les murs de Dar El Hayet font office d’un « cahier de doléances » aux sonorités poétiques.

Il est admis aujourd’hui que la pratique du graffiti est essentiellement l’apanage des jeunes, mais le cas exceptionnel ciblé dans cette recherche déroge à cette règle dans la mesure où l’auteur des graffiti interrogés ici, n’appartient pas à cette catégorie sociale que l’on désigne par le terme « jeune ». Ceci amène à dire que ces évidences et ces généralisations mériteraient d’être nuancées afin de ne pas exclure les exceptions signifiantes et ne pas présenter les phénomènes sociaux comme des entités homogènes. S’intéresser aux dynamiques locales permet d’apercevoir des pratiques individuées et hétérogènes qui relativisent ces certitudes. La recherche locale gagnerait à s’intéresser davantage à la signifiance de ces cas atypiques et marginaux.

Ayant atteint le troisième âge, Abed est un graffiteur au profil radicalement différent de celui du graffiteur lambda. Il est retraité de la Caisse Nationale des Assurances Sociales où il a fait carrière en sa qualité d’ordonnateur. Son histoire est intimement liée à celle de la cité Dar El Hayet. Il passe le plus clair de son temps à s’occuper ardemment de la gestion des affaires de la cité, joignant la « bonne » parole aux « bons » gestes, mais non sans insinuation comme le laisse clairement voir le graffiti de la figure 1 [Bonne journée à ceux qui la travaillent et bon courage…], agrémenté de trois points de suspension qui en disent long sur le regard fin et vigilant de Abed. La cité est une affaire de militance pour lui.

Figure 1

 

Le graffiti de la figure 2 [De la poubelle jaillit la lumière], quant à lui, met en mots le problème crucial qui caractérise la cité Dar El Hayet, à savoir l’insalubrité de son environnement immédiat. Sur un ton ironique et moqueur, l’énoncé discursif présente la poubelle comme un élément inhérent au destin de cette cité dans le sens où elle occupe une place de premier plan dans les rapports sociaux à l’intérieur comme à l’extérieur de cet espace habité. La poubelle est l’objet de discussion par excellence au sein de cette cité d’où le parallèle établi avec le célèbre adage « De la discussion jaillit la lumière » que l’auteur reprend à son compte.

 Figure 2

 

L’un des résidents interrogés concernant ces messages percutants, avoue qu’« à travers lektiba ta’u [ses écrits], ‘ami [oncle] Abed assène des vérités et bien sûr la vérité blesse. Notre quotidien est fait de saleté, c’est intenable ». Un autre résident me confie que « la voix de Abed est certes inaudible mais son verbe tranchant et percutant. Beaucoup de résidents ne l’aiment pas parce qu’il dénonce en permanence leurs comportements irresponsables. Il veut instaurer de l’ordre dans un lieu de désordre. Mais beaucoup de résidents le soutiennent dans son combat qui est censé être le combat de tout un chacun pour vivre dans un milieu sain ». Depuis que les médias s’intéressent aux graffiti qui tapissent les murs de la cité Dar El Hayet, Abed est devenu, malgré lui, la star et la fierté de la cité qui sort de l’anonymat grâce à ses écrits omniprésents. Les résidents et les locataires le lui rendent bien en l’élisant comme président du comité de quartier qui a pour mission de veiller à l’ordre dans l’enceinte de cet espace urbain qui contient une population de plus de 1200 habitants.

Dévoué aux affaires de la cité, Abed fait également office d’écrivain public. Pour rédiger une demande d’emploi en bonne et due forme, les nombreux jeunes chômeurs que compte ce lieu habité n’ont qu’une seule adresse : le bureau de Abed, situé au sous-sol de la cité. Le poète ne lésine pas sur les moyens et les efforts pour venir en aide aux jeunes désœuvrés. Deux jeunes interrogés concernant ce détail, m’ont répondu que : « ‘ami Abed, yedrab laqlam, ma fihach la’b », ce qui peut être traduit littéralement de la sorte [Tonton Abed « frappe » le stylo, ça ne badine pas] pour signifier qu’il a une belle plume.

En interaction constante avec les résidents, Abed a multiplié les initiatives en vue de réguler le « chaos » régnant dans la cité et aboutir à un vivre ensemble. Ne ménageant pas sa peine, il a d’abord commencé par sensibiliser les locataires au sujet de la gestion des déchets ménagers et des espaces communs dans la cité en recourant à des annonces et des affiches en bonne et due forme (avec signature et sceau du comité de quartier). Mais, il s’est vite aperçu que ce procédé communicatif n’a pas donné l’effet escompté. Il décide, ensuite, de faire appel aux services de l’APC (Assemblée Populaire Communale) d’Oran pour lui venir en aide en mobilisant des agents de nettoyage pour mettre fin à l’insalubrité qui colle au paysage de la cité, mais en vain. Les instances de régulation et d’aménagement de l’espace public brillent par leur absence là où leur présence est plus que nécessaire.

Se rendant compte, une fois de plus et à son corps défendant, que tous ces efforts normés et réglementés restent infructueux, il tente, en dernier recours, de procéder autrement en empruntant la voie de la marge pour réguler les rapports sociaux au sein de la cité, et c’est là justement où réside l’intérêt de ce terrain de recherche. Absents, épuisés ou inefficaces, les moyens normés ne sont plus en mesure de faire régner l’ordre dans une cité livrée à elle-même. Dépassé par le cours des évènements, Abed tentera une dernière trouvaille en recourant aux graffiti en en faisant un outil de sensibilisation et de persuasion lui permettant d’interpeller et responsabiliser les résidents en les mettant devant le fait accompli. Il décide donc d’apposer des graffiti discursivement virulents, écrits en français et en arabe algérien (mais exclusivement en graphie latine de par son background francophone), sur les murs de la cité. Pour ce faire, il s’arme de pinceaux et de bidons de peinture qu’il dit payer de sa poche, malgré sa maigre retraite, et compose tranquillement ses œuvres au verbe tranchant et au ton ironique et humoristique pour les apposer avant l’aube sur les murs de la cité. Il a choisi d’associer à ces pamphlets muraux, une touche de poésie en raccordant les différents messages sur des fins rimées leur donnant une sonorité poétique facile à retenir.

La répartition spatiale et discursive des graffiti à Dar El Hayet

Les dynamiques internes et externes à ce lieu habité influent sur la répartition spatiale, la charge discursive et l’aspect linguistique des graffiti « régulateurs » réalisés par Abed. En effet, après une observation minutieuse du terrain et du corpus constitué, il ressort que les graffiti de cette cité se caractérisent par une bipolarité spatiale, discursive et linguistique se traduisant sous forme de graffiti intra-muros et extra-muros.

Les graffiti intra-muros

Après une première avalanche de graffiti sur les murs de la cité, le chaos qui y régnait alors commençait à se réguler graduellement cédant la place à des comportements responsabilisés. En très peu de temps, les détritus commençaient à se raréfier dans l’enceinte de la cité et le rapport aux espaces communs et à la gestion des déchets ménagers, se régule de facto.

Abed ne s’attendait pas du tout à l’effet positif provoqué par ses graffiti qui ont réussi à échapper à l’indifférence des résidents. Il voulait juste exprimer son ras-le-bol en taguant sur les murs de la cité, mais la résonance de son verbe a eu raison, en partie, des comportements nuisibles qui y régnaient. En constatant la réaction positive immédiate des résidents, il a saisi l’importance de ce procédé discursif qui participe à réguler symboliquement le « chaos » dans la cité. Ainsi, la marge a pu passer outre la norme en la déconstruisant et en lui substituant un procédé de gestion urbaine d’un nouveau genre. Ce cas localisé met en scène une situation de contraste dans la mesure où le graffiti passe, toute proportion gardée, d’un acte de vandalisme à un acte de civisme.

Abed multiplie ses écrits en densifiant la charge et en interpellant avec des expressions tantôt sibyllines tantôt claires, les récalcitrants parmi les résidents de la cité, comme le montre le graffiti de la figure 3 [Intérêt personnel entrave intérêt général !]. Ce genre d’écrits a même valu quelques déboires à leur auteur au point d’être menacé de représailles.

Ce graffiti vise les résidents qui refusent de s’acquitter des cotisations mensuelles, décidées par le comité de quartier, qui étaient de l’ordre de 200 DA/Mois. Un autre graffiti s’adresse aux résidents ou aux riverains qui ne se gênent pas de satisfaire leurs petits besoins dans les différents coins de la cité qui servent de toilette publique vu sa proximité avec le marché quotidien de M’dina Jdida auquel on vient de loin. Il s’adresse aussi à ceux qui ne respectent pas les horaires de sortie des déchets ménagers.

Pour les besoins d’une sonorité attrayante servant l’ordre scriptural mobilisé dans cet espace habité, la gymnastique langagière de Abed fera transformer les mots et leur orthographe en les malaxant et modelant constamment.

Figure 3

 Les graffiti extra-muros

Le marché informel de M’dina Jdida ne cesse de s’étendre, ses marchands dont le nombre croît en permanence, ont fini par squatter les trottoirs entourant la cité Dar El Hayet, en drainant des foules quotidiennement et en occasionnant une importante prolifération de détritus après que les marchands à la sauvette aient rangé leurs étals de fortune en fin de marché. L’insalubrité, à peine contrôlée et régulée en intra-muros, s’amplifie à une cadence vertigineuse en extra-muros.

À ce tohu-bohu quotidien et à ce grouillement de singularités (de Certeau, 1990), Abed réservera des graffiti au ton tranchant dans l’espoir de persuader les vendeurs à la sauvette, de libérer les espaces qu’ils occupent impunément en causant des désagréments aux résidents de la cité. Par ses mots incisifs, il n’épargnera pas les riverains de passage qui y viennent faire leurs emplettes.

Les graffiti des figures 4 et 5 rendent compte des rapports tendus entre les résidents de la cité  et les adeptes du commerce informel qui y ont élu domicile. Ils rendent également compte des rapports harmonieux entre les langues qui canalisent la charge discursive de l’auteur. En effet, pour atteindre un maximum d’audience, Abed fait la part belle à l’arabe algérien qu’il marie harmonieusement avec le français aussi bien par le rythme et la rime que par la graphie latine et la syntaxe, donnant ainsi des cas édifiants d’emprunt linguistique et d’alternance codique. Interrogé sur ce qui motive ce recours croissant à l’arabe algérien (en graphie latine) dans ses graffiti, Abed répond « c’est pour rendre mes écrits accessibles à toutes les franges de la société ». Les premiers graffiti qu’il avait réalisés étaient écrits presqu’exclusivement en langue française.

Tout en ciblant les vendeurs à la sauvette, le graffiti de la figure 4 [Individu bla mitiette et sans ihtiramatte] donne à voir un exemple d’emprunt linguistique. Il est fait usage à la fois du français [Individu / sans], de l’arabe algérien [Bla] « sans » et [mitiette] « métiers », un mot emprunté à la langue française complètement intégré à la langue réceptrice qui est l’arabe algérien, et à l’arabe scolaire [ihtiramatte] « respects ». Grâce à la pratique du graffiti, ce patchwork linguistique très en usage à l’oral se dote d’un code écrit qui répond étrangement aux règles du bon usage en dépit du fait qu’il marie trois langues différentes sous le toit d’une même graphie.

Figure 4 


 Venant s’adjoindre au graffiti de la figure précédente, celui de la figure 5 [Dar El Hayette à la sauvette, casquettes sans casse-tête], cible, lui aussi, les vendeurs à la sauvette qui squattent les trottoirs entourant la cité Dar El Hayet en traquant le gain facile [Casquette sans casse-tête]. Pour Abed, « La situation est devenue invivable dans la cité à cause du commerce informel qui s’y est installé ». Les accès à la cité sont souvent bloqués, les trottoirs sont en permanence jonchés de détritus donnant à la cité les allures d’une ville fantôme, surtout en fin de journée. Face à ce spectacle alarmant, Abed s’arme de mots et de formules pour dénoncer l’incivisme et le « chaos » qui ont pris en tenaille son quartier.

Pour signifier l’omniprésence du commerce informel aux abords de la cité, Abed met en scène l’arme fatale de ce commerce, à savoir les étals de fortunes, désignés par le mot [Tablette] en arabe algérien. Cet objet renvoie à l’évolution du commerce informel qui devient de plus en plus toléré vu qu’il occupe l’espace presque au même titre que le commerce enregistré et fiscalisé. Le recours à l’étal est une façon de se sédentariser en se démarquant de l’idée de la vente à la sauvette. Cette nouvelle dynamique commerciale, alimentée à la fois par une logique verticale et horizontale, semble dépasser la vision normée que l’on a de la pratique commerciale.

 

Figure 5

 

Les riverains ne sont pas épargnés par les graffiti qui se déploient à Dar El Hayet. Comme évoqué plus haut, en l’absence de toilettes publiques à M’dina Jdida qui draine des milliers de personnes chaque jour, il arrive que la voie publique et le parking de la cité remplissent ce rôle, d’où la charge du graffiti ci-dessous (figure 6) [Dar El Hayet n’est pas une toilette. Bande de scarabées, l’hexagone vous a laissé tomber].

Figure 6

Ne tolérant pas l’anarchie qui s’est emparé de son quartier, Abed décide d’intervenir en dehors de son enceinte pour dissuader les « commerçants-squatteurs » de vaquer à leur occupation et dénoncer les riverains qui s’adonnent à des pratiques intolérables dans l’espace public. Á ces derniers, le graffiti de la figure 6 rappelle que Dar El Hayet n’est pas une toilette publique. Optant délibérément pour un registre stigmatisant, il les qualifie de [bande de scarabées], un insecte mal-aimé dans la culture locale vu sa « morphologie trapue » et sa « couleur ». Le message véhiculé par ce graffiti enfonce le clou en assertant que [L’hexagone (France) vous a laissé tomber] laissant entendre qu’ils sont infréquentables même par les colonisateurs. Interrogé sur la charge de ce graffiti, Abed confie que « le registre pamphlétaire a plus de chances de percuter que le registre familier ou formel ».

C’est ce que confirme notamment le graffiti de la figure 7 [Quand Hajouja Majouja ne sont pas là / la saleté s’en va… pub !]. Le choix de comparer les vendeurs à la sauvette et leurs clients à hajuj et majuj[1], se veut une manière on ne peut plus claire de faire barrage à l’insalubrité et au désordre, conséquence inévitable de la marée humaine qui envahit quotidiennement la cité Dar EL Hayet. Le verdict est donc sans appel pour Abed, sans cette marée humaine, « la saleté s’en va… ». Pour édulcorer ce message satirique, l’auteur lui associe un brin d’humour en le présentant avec les allures d’une réclame, suivie d’un point d’exclamation. À ce titre, il est important de souligner que le recours aux signes de ponctuation occupe une place importante dans les graffiti de Abed. Il les considère « comme des moyens de défense permettant de laisser des ouvertures sémantiques à ses graffiti ».

Figure 7 

La bataille des mots fut rude mais presque vaine en extra muros. Le rare moment de répit que connaîtra la cité intervient suite à la politique d’éradication des pratiques commerciales informelles qui envahissent les trottoirs des villes algériennes, décidée par le gouvernement algérien en septembre 2012. À la grande satisfaction des résidents, la cité Dar El Hayet s’est libérée du fardeau insalubre qui l’a encombrée des décennies durant. Cependant, cette politique n’a réussi qu’à libérer les grands axes de la ville pour fluidifier la circulation automobile. Les vendeurs à la sauvette ont réussi à se faufiler dans les interstices de M’dina Jdida et vaquent à leurs occupations en toute tranquillité mais au grand dam des habitants qui y résident, vivant un cauchemar interminable, selon les informateurs interrogés. L’espace habité est dépassé par la dynamique marchande informelle qui met en place des logiques sociales aux implications diverses s’articulant autour de l’occupation et de l’appropriation de l’espace pour des fins commerciales.

Il est important de souligner que le commerce de rue reprend de plus belle suite à la conjoncture politique que traverse le pays depuis février 2019. L’ordre tant espéré en extra-muros se transforme en une utopie d’autant plus que plusieurs des vendeurs à la sauvette gravitant autour de la cité sont issus du lieu même où ils exercent leur travail.

Le désespoir commence à se lire sur le visage de Abed et des résidents de Dar El Hayet qui aspirent à une lutte implacable contre l’insalubrité et l’insécurité dans leur quartier. Pour mettre en mots cette atmosphère indescriptible, Abed a écrit ceci : [Cité ! bientôt tes portes seront fermées ?] (figure 8) en faisant allusion aux nombreuses difficultés qui entravent son chemin vers les objectifs qu’il s’était fixés, à savoir mettre fin à l’aspect hideux qui a longtemps terni l’image de Dar El Hayet. Cet énoncé opère comme une praxis discursive ayant pour but ultime d’entrainer encore une fois l’adhésion des résidents et des locataires à la quête d’un espace de vie régulé et apaisé.

 Figure 8 

 Les résultats de la présente étude se limitent uniquement au cas localisé de Dar El Hayet et ne prétendent pas à un traitement exhaustif de cet ordre scriptural émergent à Oran. Le paysage urbain de la ville d’Oran est en perpétuelle négociation et reconfiguration et oscille entre continuités et discontinuités à tous points de vue. Les pratiques sociolangagières mobilisées dans ce paysage urbain déterminent les rapports sociaux tout en étant le fruit de ces rapports qui inscrivent l’identité sociale de la ville dans des perspectives tantôt coopératives, tantôt conflictuelles. 

Il ressort des résultats analysés, dans le cadre de cette étude, que le recours à ces graffiti d’un nouveau genre à Oran, opère comme une dynamique horizontale qui met le citoyen et l’usager de la ville au cœur d’une responsabilité collective. L’objectif recherché de ces écrits exposés et de leur auteur principal consiste à promouvoir une nouvelle identité pour les lieux habités, trop marqués par l’insalubrité et l’anarchie, en régulant leurs dynamiques et leurs contradictions.

Conclusion

Pour conclure cette réflexion en gestation, il importe de rappeler que la ville d’Oran est un espace investi de dynamiques plurielles renseignant sur ses composantes sociales, ses mouvements, ses conflits et ses quêtes permanentes du sens. La pratique du graffiti n’est qu’un élément qui s’insère dans ce tout complexe pour donner une matérialité aux discours de la ville tout en essayant d’y insuffler de nouvelles dynamiques sociospatiales et sociolangagières symbolisant le droit à la ville et à ses espaces (Lefebvre, 1996).

Exploratoire à bien des égards, cette étude a tenté, à partir d’un cas localisé, de saisir l’espace oranais par les pratiques scripturales qui l’investissent comme force régulatrice. Cet angle d’approche ne peut, bien évidemment, avoir de valeur heuristique que lorsque des observations empiriques sur le long terme viendraient confirmer sa résonnance à une grande échelle dans l’espace public.

Le processus argumentatif de l’ordre scriptural interrogé dans le cadre de la présente étude se révèle par le recours à l’ironie, l’humour, la transgression et la provocation. Ces stratagèmes confèrent au récit urbain une dimension concurrentielle et conflictuelle opérant in fine comme le moteur des dynamiques sociospatiales faisant de l’espace qui le reçoit une entité en perpétuel renouvellement. Pratique langagière libre, l’ordre scriptural émergent participe ainsi à la production de l’espace et à sa régulation symbolique.

Outre ce cas localisé, il serait intéressant d’élargir cette approche des faits de langue à d’autres quartiers et pourquoi pas à d’autres villes d’Algérie pour voir comment les rapports sociaux se matérialisent et se construisent à travers les graffiti dans l’espace public.

Notes 

[1] Signifie Ville Nouvelle. On appelait ce quartier « Village nègre » du temps de la colonisation française.

[2] Après avoir accepté de répondre à toutes mes questions, Abed a donné son accord quant à l’évocation de son prénom dans cette étude. Sans lui, cette étude n’aurait tout simplement pas été possible. Qu’il trouve ici l’expression de ma profonde gratitude.

[3] Ce terrain s’insère dans le projet de recherche « Graffiti et espace public en Algérie : pratiques langagières et stratégies discursives » que je dirige au Centre National de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC).

[4] Traduction de l’auteur : [Peu est connu ou écrit sur la pratique du graffiti contemporaine en Afrique du Nord. Malgré le volume considérable de travaux universitaires sur les graffiti, le phénomène reste inexploré en Algérie, en particulier dans ses dimensions linguistique et discursive]

[5] Variantes coraniques de Gog et Magog, figures associées aux Forces du mal dans la tradition monothéiste.

 

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